C'est le second poste à transistors au germanium sur lequel une rénovation lourde est réalisée par nos soins, mais c'est aussi le plus ancien : 1961, les débuts du transistor grand public, en plein âge d'or du tube.
Ce GRAETZ avait été importé en France à l'occasion du service militaire de son propriétaire (Troupes Françaises d'Occupation en Allemagne) car équipé de la "modulation de fréquence", procédé en cours de déploiement en France mais déjà largement établi outre-Rhin, améliorant considérablement la qualité audio par rapport à la "modulation d'amplitude" proposée par les radios périphériques Europe 1, RTL, RMC, Sud-Radio, (et France-Inter) d'alors ...
Ayant miraculeusement échappé au funeste sort réservé à des appareils hors d'âge, il nous a été demandé -si possible- de le réparer pour lui redonner une nouvelle vie. En principe l'exercice n'est pas impossible, mais il faut compter sur un minimum de chance en raison de l'apparition d'un phénomène chimique inconnu affectant ces transistors métalliques de première génération. Après vérification, aucun n'est affecté par la poussée de "whiskers", ces filaments cristallins qui court-circuitent les jonctions.
Une seule résistance en défaut paralyse l'appareil, mais c'est un composant exotique, exclusivement allemand (le cylindre allongé métallique), qui va poser une difficulté particulière : le Stabilyt . Après recherches, il apparait qu'il s'agit d'une pile Cad-Ni de 1,2V (usage mystérieux ici !) dont le circuit de remplacement incorpore deux diodes ... bizarre , mais cela fonctionne !
La poignée, les boutons de commande, le revêtement simili-cuir sur contre-plaqué sont intacts, aucune rayure. Seule l'antenne télescopique originelle, cassée, n'a pu être remplacée : la pièce d'embase, fragilisée, servira juste à brancher un bout de fil qui permet de recevoir la FM.
Finalement, même 65 ans plus tard, la remise en service de cet ancêtre constituera un joli cadeau de Noël pour la fille de l'acquéreur, bien plus durable que les gadgets de blaquefrayedé!